Qu'est-ce que la Loi de Hofstadter ?

  • 12 Juillet 2024
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Vous avez choisi d’entamer un projet puis avez réalisé qu’il prenait plus de temps et d’efforts que prévu ? Vous vous êtes dit qu’il sera fini en une journée, or, ce n’était aucunement le cas ? Si oui, sachez que votre cas n’est pas isolé. Plusieurs personnes éprouvent des difficultés à évaluer correctement le temps et les ressources nécessaires pour atteindre leurs objectifs. Et c’est là que la loi de Hofstadter entre en jeu.

 

En tant qu’être humain, nous avons tendance à sous-estimer le temps et les ressources nécessaires pour atteindre nos objectifs, d’où la procrastination, l’insatisfaction, la déception, voire de l’abandon pur et simple de nos projets. Mauvaise habitude ou d’un manque de motivation ?

 

Avant d’entrer dans le vif du sujet, faisons une petite plongée dans l’histoire de Douglas Hofstadter. Comment a-t-il découvert cette loi.

 

Voici la genèse de la loi de Hofstadter

La loi de Hofstalder, également connue sous le nom de « loi sur le glissement de planning », a été découverte par Douglas Hofstadter, un universitaire américain qui travaillait sur son livre « Gödel Esher, Bash : Les Brins d’une Guirlande Éternelle ». Ce dernier explore des thèmes tels que la cognition, la musique et la logique. Hofstadter avait initialement prévu de le terminer en 1 an. Cependant, au fur et à mesure que l’année s’écoule, il a découvert, à ses dépens, que les projets complexes ont souvent des délais imprévisibles.

 

Au lieu de prendre un an, le livre lui a finalement pris plus de dix ans à terminer. Et c’est en grande partie en raison de l’ajout continu de nouveaux thèmes et d’analogies complexes. Hofstadter a formulé sa loi en disant : « Tout prend plus de temps que prévu, même en tenant compte des retards anticipés».

 

Il a réalisé que même en tenant compte de la complexité et de l’imprévisibilité inhérentes à un projet, il était toujours difficile de planifier avec précision le temps nécessaire pour le terminer. Cette loi est donc un avertissement contre l’optimisme excessif en matière de planification et un appel à l’humilité dans la gestion des projets complexes.

 

La gestion du temps selon Douglas Hofstadter

Professeur de sciences cognitives et de littérature comparée à l’Université de l’Indiana, Douglas Hofstadter explore les thèmes de la conscience, de la pensée, de la créativité et de l’intelligence artificielle en utilisant la logique mathématique d’Escher. En 1997, Hofstadter a publié un livre intitulé «  Le Ton beau de Marot », qui traite de la traduction poétique. Dans ce livre, il discute de la gestion du temps et de l’organisation pour être plus productif.

 

Il compare le temps à un morceau de tissu, qui peut être coupé et cousu pour créer quelque chose de beau et d’utile, ou qui peut être gaspillé et jeté. Il dit  « Le temps est une matière première rare et précieuse, qui peut être transformée en quelque chose de merveilleux si nous savons l’utiliser judicieusement, mais qui peut être gaspillée si nous sommes insouciants ou inattentifs ».

 

Il croit que la clé de la gestion du temps est la planification. Il suggère que nous devrions nous asseoir régulièrement et prendre le temps de planifier notre journée, notre semaine et notre mois. De même pour tous les projets que nous entreprenons. Il affirme : « Si vous ne planifiez pas votre temps, vous risquez de vous trouver submergé par les tâches et les distractions, et de ne pas avoir suffisamment de temps pour réaliser vos objectifs ». Il recommande également d’adopter une discipline et une régularité dans la gestion du temps. Au final, il ne suffit pas de planifier une journée ou une semaine, il faut aussi s’y tenir et suivre son plan. Cependant, malgré la compréhension de tous ces concepts, personne n’échappe à la loi du glissement du planning, que lui-même a établi.

 

La loi d’Hofstadter : une loi récursive

La planification est une tâche qui s’avère plus difficile qu’on ne le pense. Même les plans le plus élaborés établis par des chefs de projet talentueux peuvent être totalement erronés. Dans leur livre « Rework : Réussir autrement, Jason Fried et David Heinemeier Hansson soulignent avec ironie que « planifier, c’est procéder au pifomètre ». Lorsque nous planifions un projet, nous faisons souvent des suppositions et comblons les vides avec notre interprétation personnelle. Cela crée une illusion de planification qui fausse notre perception du temps requis pour l’exécution du projet. Plus un projet est complexe, plus il contient d’interdépendances, ce qui augmente le risque d’imprévus qui peuvent bouleverser le cours des choses. Ainsi, nous sommes tous faillibles en matière de prévision et de planification, car nous ne sommes pas omniscients et des événements imprévus peuvent bouleverser les plans les plus précis.

 

Les causes principales de la prise de retard

Le cycle d’un projet finit souvent par dérailler. D’ailleurs, on le constate par nous même sans que Hofstadter ne le dise. Mais pourquoi faut-il toujours plus de temps que prévu ? Le retard génère du stress, la perte de productivité et la perte de confiance. Pour le vaincre, il est essentiel d’identifier les sources. Les plus courantes sont :

 

  • Le manque d’organisation : « Le manque d’organisation devient rapidement une excuse pour ne rien faire » disait Christina Scalise, une autrice américaine spécialiste dans l’organisation personnelle et le développement personnel. C’est le plus grand obstacle à la réussite.

 

  • Les priorités mal définies : Il est important d’identifier les tâches importantes qui doivent être traitées en priorité. Si nous n’avons pas de priorités claires, nous risquons de perdre du temps à faire des tâches moins importantes.

 

  • Les distractions : Elles sont partout surtout avec l’existence des réseaux sociaux. On perd du temps à faire des choses futiles au lieu de nous concentrer sur le cœur de notre travail. Et si nous ne parvenons pas à nous focaliser, le retard est inévitable.

 

  • La procrastination : L’art de remettre à plus tard ce qu’on peut faire le jour même. C’est un frein dans l’avancement du projet. Un voleur de temps, selon Edward Young.

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  • Le manque de ressources : Si les ressources nécessaires ne sont pas disponibles ou sont insuffisantes pour le projet, le travail prend du retard. Pour la rédaction d’un livre, il faut une grande quantité d’informations fiables et pertinentes. Cela implique de mener des recherches approfondies dans des domaines variés, tels que l’histoire, la science, ou encore la politique.

 

Atténuer les effets du glissement de planning

Le temps est très précieux dans tout projet, mais il est souvent difficile à gérer. Bien souvent, nous avons tendance à « prendre notre temps » dans la réalisation de certaines tâches. Comment pouvons-nous atténuer les effets de glissement de planning et maintenir le projet sur la bonne voie ? Voici quelques suggestions pour minimiser les impacts de la loi de Hofstadter.

 

#1 Donner plus de temps au projet

La loi de Hofstadter nous rappelle que les projets sont souvent plus complexes et prennent plus de temps que prévu. Par conséquent, il est important de prévoir une marge de temps suffisante pour les projets que nous entreprenons, afin d’éviter de se sentir pressé par le temps ou de manquer une date limite. Il est important d’établir des échéanciers plus longs, de fixer des dates limites plus tardives ou simplement prévoir une marge de temps supplémentaire pour les tâches à effectuer. Il ne faut pas hésiter pas à réévaluer le projet de temps en temps, de revenir à la planification initiale.

 

#2 Adopter une approche itérative

Plutôt que de chercher à tout planifier, il peut être utile d’adopter une approche itérative pour les projets. Cela signifie travailler par petites étapes, en examinant régulièrement la progression et en apportant des ajustements au fur et à mesure. Faire une liste de tâches. Cette approche permet de mieux s’adapter aux imprévus et aux changements de plan. Elle peut également vous aider à mieux comprendre les tâches complexes, à les diviser en sous-tâches plus simples et à les aborder de manière plus systématique. Il faut hiérarchiser les tâches en fonction de leur importance et de leur urgence.

 

#3 Cultiver l’humilité

Nous ne pouvons pas tout contrôler. En cultivant l’humilité et en reconnaissant que nous ne savons pas tout, nous pouvons mieux affronter la réalité. Concentrez-vous sur votre amélioration continue plutôt que sur la perfection. Vous pourrez alors :

 

  • éviter de vous décourager lorsque les choses ne se passent pas comme prévu ;
  • vous donner la force de continuer vos projets avec détermination et persévérance.

 

Vous voulez finir vos projets à temps ? Voici la formule !

Pour calculer le temps imparti pour la réalisation d’un projet, il vous suffit de multiplier la durée estimée pour le travail par 2. Ainsi, un projet de 1 mois prendra 2 mois et un travail de 2 jours, 4 jours. Il est recommandé de prévoir une marge de temps supplémentaire d’au moins 10 à 20% par rapport à la durée initiale. Cette recommandation est basée sur l’expérimentation de Hofsdater. Au jeu d’échecs, disait-il, les ordinateurs les plus performants sont toujours battus par des joueurs compétents. Et malgré leur amélioration incessante, Hofsdater a conclu : « Aux débuts des échecs informatiques, on estimait qu’il faudrait 10 ans avant qu’un ordinateur soit champion du monde. Mais après 10 ans passés, il semblait que le jour où un ordinateur allait devenir champion du monde était encore à plus de 10 ans ». C’est cet élément de preuve qui confirme la loi de Hofsdater.

 

Conclusion

La loi de Hofstadter est un outil puissant pour nous aider à atteindre nos objectifs en évitant le glissement de planning. En comprenant que les tâches prennent souvent plus de temps que prévu, nous pouvons mieux planifier, identifier les obstacles potentiels et nous concentrer sur l'amélioration continue plutôt que sur la perfection. En utilisant cette loi dans notre vie quotidienne, nous pouvons atteindre nos objectifs plus rapidement.

 

Pour creuser vos recherches, voici quelques ouvrages qui pourront vous éclairer 

  • « Metamagical Themas : Questing for the essence of mind and Petter » de Douglas Hofstader. C’est un livre qui explore divers sujets et qui inclut plusieurs essais qui traitent de la loi de Hofstader.
  • « Thinking fast and slow » traduit en français sous le titre « Système 1 / Système 2 : Les deux vitesses de la pensée » de Daniel Kahneman.
  • « The black Swan: The Impact of the Highly Improbable » de Nassim Nicholas Taleb.