Comment se sortir du perfectionnisme ?

  • 11 Juillet 2024
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Rechercher la perfection présente des aspects positifs. Cette attitude peut toutefois devenir toxique pour l'individu, et être source de souffrance au quotidien. Certains perfectionnistes mettent la barre très haut et ne tolèrent aucune erreur de la part de leurs proches. D’autres pensent devoir apparaître parfaits au regard de la société. Eh oui, s’il est mal canalisé, ce mode de pensée impacte négativement la personne et son entourage. Mais peut-on vraiment cesser d’être perfectionniste et en éviter les effets pervers ? Si oui, alors comment ? Heureusement, les solutions existent et elles sont efficaces.

 

Aller à la source du problème

« Je suis perfectionniste et je me soigne ! » Cette parodie renferme une part de vérité. Il faut aller à la source du problème pour pouvoir le résoudre. 3 facteurs interviennent en effet dans le développement du perfectionnisme :

 

  • La génétique: De nombreux traits de personnalité sont héréditaires, et le perfectionnisme en fait partie. Puisque nous venons tous au monde avec un certain niveau de tempérament, certains individus présentent ainsi une prédisposition au perfectionnisme. En grandissant, les expériences que nous vivons forgent toutefois notre personnalité.

  • Le familial: La majorité des perfectionnistes ont été élevés par des parents ou des tuteurs aux exigences personnelles très élevées, et cet état des choses finit par déformer leur caractère. En vérité, les comportements des parents ont toujours des répercussions sur la vie de leurs enfants, tant en bien qu’en mal. Leurs façons de voir le monde et leurs attitudes face à la vie et aux circonstances seront transmises directement ou de manière subtile à leurs progénitures. À leur tour, ces enfants vont grandir dans la crainte de ne pouvoir être à la hauteur. Ils iront donc jusqu’à développer un sentiment profond d’impuissance et de culpabilité de ne pas être en mesure répondre aux attentes de leurs parents. C’est chose courante de constater que les perfectionnistes pensent que leurs parents ne les aimeront qu’à une condition : qu’ils atteignent les critères de réussite imposés par ces adultes.

  • Le culturel: nous vivons aujourd’hui dans une société qui promeut l’excellence et qui accorde plus de valeur à celle-ci qu’à l’individu. La couverture médiatique du Festival de Cannes ou la télédiffusion des remises de prix des Jeux olympiques en sont la parfaite illustration. En effet, seules les personnes qui accomplissent des performances exceptionnelles reçoivent l’admiration et les félicitations. Et la démonstration ne s’arrête pas dans les stades, car cette quête perpétuelle de l’excellence est aussi prônée dans le milieu scolaire.

 

Une remarque s’impose tout de même  par rapport à l’octroi des gratifications. Il y en a ceux qui ont accompli de grands exploits dans un domaine particulier, et ce, à coups d’efforts et d’acharnement. Il n’y a rien de mal à donner le meilleur de soi-même, mais cette volonté de démontrer continuellement de l’excellence a des impacts, plutôt des inconvénients qu’il faudrait résoudre.

 

S’autoriser différentes permissions

Qu’est-ce qu’une permission ? Quelle est son utilité ? Chacun de nous a intégré une quantité colossale de messages verbaux et non verbaux depuis notre plus jeune âge. Certains d’entre eux appelés « permissions » nous ont permis de développer le meilleur de nous-mêmes en grandissant. D’autres ont « handicapé » certaines personnes et ont fait d’elles des névrosées. Ce qu’il faut noter à cet effet, c’est que le fait de s’affranchir de l’emprise du perfectionnisme passe toujours par une prise de conscience de soi, et par un très haut niveau de confiance en soi.

 

Les multiples formes de perfectionnisme

Les résultats des travaux des chercheurs démontrent l’existence de plusieurs formes de perfectionnisme :

 

  • Le perfectionnisme tourné vers soi: les personnes qui ont ce trait de caractère s’imposent des standards très élevés pour eux-mêmes. Leurs attentes et les objectifs qu’elles se fixent peuvent être impossibles à atteindre sans qu’elles s’en rendent compte. De cette rigidité d’esprit vont naître des attitudes et des comportements auto-contraignants.

  • Le perfectionnisme orienté vers les autres: les individus qui présentent cette pathologie établissent des standards très élevés pour les autres. Ils mettent la pression sur leur entourage, soit dans le cercle familial soit dans le cadre professionnel, pour tenter d’atteindre des objectifs bien souvent irréalisables.

  • Le perfectionnisme socialement imposé: ces perfectionnistes croient fermement que les autres exigent d’eux qu’ils soient parfaits. Et le problème vient du fait qu’ils se sentent obligés de se soumettre et surtout de répondre à ces attentes.

 

Éclairé sur ce sujet, vous pourrez reconnaître plus rapidement les moments où vous basculez vers le perfectionnisme. Il vous sera ainsi plus facile de modérer votre comportement, en optant pour un nouveau mode de pensée.

 

Les permissions pour les surmonter

Ces différentes déformations de la pensée sont pernicieuses sur le long terme. Il importe de les combattre pour sortir du perfectionnisme. Mais comment ? En se donnant des « permissions ». Passer du pathologique au normal, pourquoi pas ? C’est possible, du moment qu’on s’y met. La pratique régulière de l’autosuggestion sur ces « nouvelles permissions » donne des résultats encourageants contre le fantasme perfectionniste. En les répétant constamment, vous développerez le meilleur de votre personnalité.

 

En personnalisant ces permissions, il est plus rapide de s’inculquer de nouveaux modes de pensée et de sortir progressivement du perfectionnisme. Il est recommandé de s’y adonner le matin, au réveil, et la nuit, juste avant de se coucher, et ce, sur une période de 21 jours consécutifs, à renouveler autant que nécessaire.

 

  • J’ai le droit d’exister, d’être bien vivant et conscient de ma valeur, et je suis digne d’être aimé.

  • Je prends soin de moi. Je préserve mon équilibre physique et mon harmonie intérieure.

  • J’ai le droit de ressentir différentes émotions, d’être joyeux et spontané, et d’exprimer tous mes sentiments.

  • Je me sers avec discernement de mon intuition et de mes sensations.

  • Je peux désormais m’affirmer dans mon individualité et dans ce qui fait de moi un être particulier.

  • Je me donne les moyens de recueillir les renseignements pertinents, afin de prendre la juste décision et d’émettre des jugements réfléchis.

  • Je peux nouer des relations matures avec les autres. Mon esprit d’analyse et ma prise de décision se développent de jour en jour.

  • Je peux occuper ma place et assumer les responsabilités rattachées à mes compétences.

  • Je prends contact avec les autres aisément et les écoute attentivement. Je leur porte un vif intérêt pour accroître mon sentiment d’appartenance.

  • Je peux être proche des autres, physiquement et psychologiquement. Je cultive la confiance en me faisant proche de mes interlocuteurs.

  • Je peux prendre des risques et des initiatives pour avancer.

  • Je peux m’épanouir, exploiter mon potentiel et réussir.

 

La liste est loin d’être exhaustive et les messages contraignants diffèrent d’une personne à l’autre. Vous pouvez commencer par celles que vous voulez adopter dès aujourd’hui, pour gagner en estime de soi, et en finir pour de bon avec le perfectionnisme.

 

N’oubliez pas que changer prend du temps et qu’il est tout à fait normal que chacune de ces permissions déclenche de l’anxiété. En effet, elles remettent totalement ou partiellement en cause des croyances inculquées depuis la tendre enfance, et qui agissent puissamment sur la mentalité de l’individu perfectionniste. Reconnaître ce puissant sentiment et l’accepter finiront par le faire disparaître.

 

Découper un objectif en petits morceaux, moins exigeants

L’esprit du perfectionniste est capable d’absorber de très grandes quantités d’informations. Il arrive à analyser des détails et à établir des procédures complexes pour chaque tâche. Son cercle vicieux se met en place quand cette aptitude finit par l’empêcher de passer à l’action. Pour ce type de personnalité, tout est important et, par conséquent, tout doit être effectué. Et l’ampleur des tâches à accomplir va le submerger totalement au final.

 

Les réactions des perfectionnistes diffèrent évidemment dans de telles situations. Certains sont coincés dans la paralysie analytique, tandis que d’autres tergiversent ou abandonnent même ce qu’ils ont projeté de faire.

 

La meilleure attitude à adopter, c’est de définir des petits objectifs précis, de procéder par étape, et d’avancer pas à pas pour limiter la pression. Avec de l’autodiscipline, vous parviendrez à gravir les échelons qui mènent à la réalisation des objectifs que vous vous êtes fixés. En procédant de la sorte, vous vaincrez facilement la procrastination.

 

Les perfectionnistes ont cette tendance à remettre à plus tard les activités qui pourraient être exécutées sur-le-champ. Cette situation va créer un sentiment de culpabilité chez eux parce qu’en conséquence, ils auront du mal à respecter le timing. Là encore, une des solutions envisageables, c’est d’établir une liste des tâches à réaliser, sans procrastiner. En fixant de nouvelles priorités et en déterminant le temps imparti pour chacune d’elles, cette méthode rend moins pénible l’accomplissement de vos sous-objectifs.

 

Visualiser différentes alternatives acceptables à vos plans « parfaits » apporte des améliorations significatives en termes de perceptions. L’impression de vous retrouver face à des montagnes s’estompera progressivement, et c’est justement l’intérêt des sous-objectifs. Vous allez prendre conscience que les conséquences ne seront pas aussi désastreuses que vous le deviniez. Et même en cas d’échec, vous pourrez considérer les erreurs comme sources d’expérience. Évitez simplement de vous culpabiliser pour ce qui semble « raté ».

 

Diviser votre objectif en sous-objectifs vous permet de gagner en précision et d’augmenter vos possibilités de l’atteindre avec succès. Naturellement, avec la réussite viendra la récompense, notamment la satisfaction d’avoir accompli quelque chose que vous pensiez difficile à cause de votre perfectionnisme.

 

Apprendre à faire des fautes

Bien souvent, les perfectionnistes sont considérés comme des « traqueurs d'erreurs ». Ils sont aussi exigeants avec eux-mêmes qu’avec les autres. Cependant, à force de vouloir tout contrôler, ils finissent par perdre confiance et tomber d’épuisement. Le perfectionnisme excessif peut alors conduire à des confrontations ou des complications professionnelles. Ces personnes ont du mal à travailler en équipe et à déléguer. Doutant des idées des autres, elles ont des difficultés à encaisser les critiques et les divergences de points de vue. Elles tolèrent moins les limites et les imperfections de tous, y compris les leurs.

 

Dans leur vision du monde, échecs ou succès sont les principaux indicateurs de leur valeur personnelle. Or, cette approche est complètement erronée. L’homme est un être qui se construit perpétuellement. Il est donc sujet à des erreurs. Le fait d’admettre cette théorie lui permettra d’apprivoiser ses émotions, d’écarter les pensées négatives sur soi, et surtout de retrouver le goût d’agir.

 

Pour ceux qui souffrent par peur de l’erreur, il est possible de se reconstruire sur de nouvelles bases pour atténuer les tendances perfectionnistes et vivre dans l’accomplissement de soi. Il suffit de réapprendre à penser et appréhender les circonstances autrement qu’avec des messages contraignants. Favorisant la libération intérieure, cette nouvelle attitude conduit à :

 

  • S’accepter soi-même avec ses imperfections ;

  • Prendre conscience des impacts négatifs de son caractère perfectionniste au quotidien ;

  • Reconnaître ses conséquences sur les relations avec les autres ;

  • Se fixer des objectifs atteignables et les diviser en sous-objectifs moins chronophages ;

  • Valoriser à chaque fois ce qui a été accompli ;

  • Apprendre à relativiser, en acceptant que les choses puissent être imparfaites ;

  • Considérer les déceptions, non pas comme un échec, mais comme un enseignement ;

  • Être tolérant avec soi-même et avec les autres.

 

Ces techniques à expérimenter au jour le jour ont déjà fait leurs preuves pour briser le cercle vicieux du perfectionnisme. Associées à des exercices de relaxation, elles permettent d’avoir plus de recul, de rectifier les visions déformées de la réalité, et d’apprendre à s’apprécier. Faire des fautes et apprendre de ses erreurs, c’est plus constructif pour recommencer à profiter de la vie.

 

Conclusion

Appréhender son perfectionnisme autrement, par un travail sur soi, requiert parfois une aide extérieure. En effet, le perfectionnisme « sain » est perçu comme une source de motivation pour s'améliorer au quotidien. D’un autre côté, les problèmes n’arrivent que lorsque ce perfectionnisme devient « malsain », c’est-à-dire poussé à l’extrême. Et pour en guérir, il faudra changer radicalement certaines perceptions erronées.

 

Bibliographie :
  • « Trop perfectionniste ? Comment faire pour baisser la pression», Vincent Trybou, Broché – 18 mars 2016

  • « Foutez-vous la paix ! Et commencez à vivre», Fabrice Midal – le livre anti-perfectionnisme

  • « La boîte à outils de la confiance en soi», Annie Leibovitz, 2017

  • « Soigner les schémas de pensée : Une approche de la restructuration cognitive», Stephane Rusinek, Année: 2006

  • « Imparfaits, libres et heureux», André Christophe, 2006